Instantané de données sur l'itinérance : Le point sur l'Étude nationale sur les refuges 2021

Sur cette page

Introduction

L'Étude nationale sur les refuges est une analyse continue des tendances de l'utilisation des refuges par les personnes en situation d'itinérance au Canada. Le présent rapport offre un aperçu des tendances en 2021. La capacité des refuges d'urgence permanents a diminué de manière considérable en 2020, première année de la pandémie de COVID-19, pour respecter les mesures de santé publique. En 2021, la capacité a été partiellement rétablie. 

Données

La présente analyse couvre la période de 2005 à 2021 et utilise des données recueillies par :

  • le Système d'information sur les personnes et les familles sans abri (SISA);
  • les partenaires provinciaux et municipaux qui ont conclu des ententes de partage des données avec le gouvernement du Canada.

Environ 50 % des refuges d'urgence au Canada ont été inclus dans l'analyse, ce qui représente près de 70 % des lits disponibles en refuge d'urgence. La méthode d'analyse tient compte des personnes qui utilisent plus d'un refuge. Les refuges pour victimes de violence familiale, les refuges pour immigrants et réfugiés et les logements de transition y sont exclus en raison d'une couverture de données insuffisante.

Résultats de recherche

Répercussions de la pandémie de COVID-19 sur le système des refuges

La capacité des refuges d'urgence permanents a diminué de manière importante en 2020 après que la pandémie de COVID-19 a commencé. Cette baisse considérable de capacité des refuges aurait contribué à une réduction du nombre de personnes ayant eu accès au réseau des refuges en 2020 comparativement aux années précédentes.

Entre 2019 et 2020, la capacité d'hébergement, définie comme le nombre de lits disponibles au cours d'une nuit donnée, a diminué globalement de 20,5 %, les baisses étant plus importantes dans les refuges pour jeunes et pour adultes (figure 1). La capacité globale du réseau a été en grande partie rétablie en 2021, dans la mesure où on a enregistré une baisse de 1,5 % cette année-là par rapport à 2019. Toutefois, la croissance était inégale entre les types de refuges. La capacité des refuges pour familles a augmenté de 30,6 %, tandis que celle des refuges pour jeunes a diminué de 10,7 % par rapport à 2019.

Figure 1: Croissance de la capacité selon le type de refuge entre 2019 et 2020 et entre 2019 et 2021

  • Figure 1 - version textuelle
    Comparaison par année Capacité des refuges pour jeunes Capacité des refuges pour adultes Capacité des refuges pour familles Capacité globale
    Croissance entre 2019 et 2020 -24,2 % -22,6 % -5,1 % -20,5 %
    Croissance entre 2019 et 2021 -10,7 % -5,5 % 30,6 % -1,5 %

Interprétation des changements dans l'utilisation des refuges en 2021

Lorsque l'on se penche sur les tendances en matière d'utilisation des refuges au fil du temps, il est important d'examiner les résultats des années de la pandémie dans le contexte approprié. La pandémie de COVID-19 a progressé rapidement et a été accompagnée d'une série d'interventions gouvernementales et individuelles, y compris la Prestation canadienne d'urgence, les moratoires sur les expulsions, les confinements, les règles d'éloignement physique, les réductions de capacité des refuges, etc. Ces éléments combinés ont contribué à la réduction temporaire de l'utilisation des refuges en 2020 et en 2021; toutefois, cette diminution ne doit pas être interprétée comme une réduction de l'itinérance.

La présente analyse ne décrit pas l'itinérance dans des contextes extérieurs au réseau des refuges, comme les lieux temporaires, les nuits passées chez des connaissances, et les nuits passées dans des lieux extérieurs. Bien que ce soit le cas dans les analyses de l'Étude nationale sur les refuges de toutes les années, il est important de tenir compte de ce point de manière particulière en 2020 et en 2021, dans la mesure où l'analyse exclut les personnes qui n'ont pas eu accès aux refuges en raison des réductions de capacité et celles qui ont choisi de ne pas recourir au système de refuges permanents afin d'éviter d'être exposées au virus. Les résultats des dénombrements ponctuels des personnes en situation d'itinéranceNote de bas de page 1 effectués pendant la pandémie laissent entendre que l'itinérance à l'extérieur des refuges a augmenté dans de nombreuses collectivités comparativement à avant la pandémie.

Utilisation des refuges en 2021

Entre 2005 et 2019, le nombre global d'utilisateurs des refuges a affiché une tendance à la baisse. La baisse a été plus marquée en 2020, soit la première année de la pandémie, où le nombre d'utilisateurs des refuges a diminué de 25,6 %. Entre 2020 et 2021, le nombre d'utilisateurs des refuges a augmenté de 5,9 % à mesure qu'une certaine capacité de l'hébergement d'urgence était rétablie.

En 2021, on a estimé à 93 529 le nombre de personnes en situation d'itinérance dans des refuges d'urgence, comparativement à 88 342 en 2020 (figure 2). Au cours d'une nuit moyenne, environ 13 170 personnes ont eu recours à des refuges en 2021, contre 11 600 en 2020.

Figure 2: Nombre d'usagers des refuges de 2005 à 2021

  • Figure 2 - version textuelle
    Année Nombre d'usagers des refuges d'urgence permanents
    2005 156 030
    2006 150 663
    2007 146 884
    2008 151 621
    2009 146 726
    2010 141 854
    2011 137 415
    2012 141 405
    2013 134 262
    2014 136 866
    2015 132 511
    2016 129 127
    2017 129 017
    2018 122 914
    2019 118 759
    2020 88 342
    2021 93 529

Le taux d'occupation des refuges a diminué entre 2020 et 2021 (figure 3). En 2020, moins de lits étaient offerts, mais les lits étaient presque tous occupés. En 2021, le nombre de lits s'est en grande partie rétabli, mais le recours aux refuges n'a pas augmenté au même rythme. Cette situation peut être attribuable à une combinaison de facteurs, notamment la continuation de l'évitement des refuges pour cause de pandémie, le recours continu aux refuges temporaires (non inclus dans la présente analyse) et les politiques comme la Prestation canadienne d'urgence et les moratoires sur les loyers. Le taux d'occupation moyen dans l'ensemble des refuges en 2021 était de 85,7 % comparativement à 93,7 % en 2020. Le taux d'occupation dans les refuges pour jeunes était de 69,7 % contre 83,0 % dans les refuges généraux et 106,0 % dans les refuges pour familles. Le taux d'occupation élevé dans le réseau des refuges pour familles est notable compte tenu de la forte augmentation de la capacité en 2021.

Figure 3: Nombre de lits et occupation de 2005 à 2021

  • Figure 3 - version textuelle
    Année Nombre de lits disponibles Taux d'occupation moyen
    2005 5 757 510 82,7 %
    2006 5 689 620 82,0 %
    2007 5 642 900 79,1 %
    2008 5 582 310 85,7 %
    2009 5 565 155 94,6 %
    2010 5 440 325 83,2 %
    2011 5 430 835 86,3 %
    2012 5 455 655 91,9 %
    2013 5 450 910 91,2 %
    2014 5 473 175 92,4 %
    2015 5 622 460 91,2 %
    2016 5 625 745 91,0 %
    2017 5 640 345 91,7 %
    2018 5 701 300 95,2 %
    2019 5 693 635 92,3 %
    2020 4 524 540 93,7 %
    2021 5 607 860 85,7 %

Le taux d'occupation élevé des dernières années est attribuable aux séjours plus longs dans les refuges. En 2005, le séjour moyen dans les refuges pour tous les utilisateurs était de 30,5 jours. En 2021, le séjour moyen a grimpé à 51,4 jours. C'est dans les refuges pour familles que la durée des séjours a le plus augmenté entre 2015 et 2021 (figure 4). Chez les utilisateurs des refuges pour familles, la durée moyenne de séjour a augmenté de plus de 25 jours pendant la période donnée, comparativement aux refuges pour jeunes, où la durée moyenne du séjour a augmenté de 2 jours, et aux refuges pour adultes, où elle a augmenté de 9 jours.

Entre 2020 et 2021, le nombre total d'utilisateurs des refuges a augmenté ainsi que la durée des séjours. Toutefois, cela n'a pas conduit à des taux d'occupation plus élevés dans le réseau des refuges. Cela peut probablement s'expliquer par le fait que la capacité d'hébergement des refuges a augmenté plus vite que la demande.

Figure 4: Durée moyenne de séjour par année civile de 2015 à 2021 par type de refuge

  • Figure 4 - version textuelle
    Année Total Refuges pour jeunes Refuges pour adultes Refuges pour familles
    2015 38,7 41,1 37,9 41,9
    2016 39,7 41,5 38,6 44,8
    2017 40,1 50,0 37,3 51,5
    2018 44,2 49,3 42,2 54,2
    2019 44,2 43,7 42,4 58,8
    2020 48,0 43,2 47,0 58,3
    2021 51,4 49,1 48,4 67,1

Données démographiques

Âge

En 2021, l'âge moyen des utilisateurs des refuges était de 38,0 ans. Les enfants accompagnés (de 0 à 16 ans) représentaient 4,9 % des utilisateurs des refuges. Les jeunes (de 13 à 24 ans) constituaient 13,0 % des utilisateurs des refuges. La majorité (60,3 %) des utilisateurs des refuges étaient des adultes (de 25 à 49 ans). Les adultes plus âgés (de 50 à 64 ans) représentaient 18,5 % des utilisateurs de refuges et les aînés (plus de 65 ans), 3,3 %. Entre 2005 et 2021, la proportion de jeunes chez les utilisateurs des refuges a affiché une baisse importante sur le plan statistique (de 19,0 % à 13,0 %).

Sexe

En 2021, 67,8 % des utilisateurs des refuges étaient des hommes, 31,1 % des femmes et 1,1 % des personnes de diverses identités de genre. La proportion d'hommes et de femmes est demeurée inchangée entre 2015 et 2021. Toutefois, la proportion d'utilisateurs des refuges ayant diverses identités de genre a augmenté de manière importante sur le plan statistique entre 2015 (0,5 %) et 2021 (1,1 %).

Peuples autochtones

La proportion d'utilisateurs des refuges autochtones a augmenté en 2021, et les peuples autochtones ont continué d'être surreprésentés dans les refuges d'urgence au Canada. Selon le recensement de 2021, les peuples autochtones représentaient environ 5 % de la population canadienne, mais en 2021, 39,1 % des utilisateurs des refuges se sont identifiés comme Autochtone (figure 5).

Figure 5: Proportion de la population générale et des utilisateurs des refuges selon l'identité autochtone

  • Figure 5 - version textuelle
    Population Non-Autochtones (pourcentage) Autochtones (pourcentage)
    Utilisateurs des refuges 60,9 % 39,1 %
    Population générale 95 % 5,0 %

Vétérans

Environ 1,4 % des utilisateurs des refuges en 2021 ont déclaré avoir servi dans les Forces armées canadiennes, avoir été agent de la GRC, être un vétéran d'un pays allié ou avoir été à l'embauche des FAC en tant que civil. Ce chiffre correspond à la proportion globale estimée de vétérans au CanadaNote de bas de page 2 (1,7 %). Si on a observé une tendance à la baisse constante du nombre de vétérans ayant eu recours à un refuge entre 2017 (2 392) et 2021 (1 286), la différence de proportion par rapport aux années précédentes n'est pas considérable sur le plan statistique. Les vétérans tendaient à être plus âgés que les non-vétérans, 39,9 % ayant plus de 50 ans, comparativement à 19,6 % chez les non-vétérans. Les vétérans étaient également plus susceptibles de s'identifier comme des hommes (81,9 %) que les non-vétérans (70,2 %).

Citoyenneté

En 2021, la majorité des utilisateurs des refuges (85,8 %) étaient des citoyens canadiens. La proportion de réfugiés et de demandeurs d'asile dans le réseau de refuges a baissé, passant d'un pic de 4,1 % en 2019 à 0,8 % en 2021, baisse qui pourrait s'expliquer par les restrictions sur les déplacements pendant la pandémieNote de bas de page 3 et la diminution du nombre de demandes d'asile en 2020 et en 2021.

Itinérance chronique parmi les utilisateurs de refuges

En 2021, les données d'un sous-ensemble de 17 collectivités ont été utilisées pour estimer l'itinérance chronique au Canada. L'échantillon comprenait 36 865 utilisateurs des refuges (soit 39,4 % du nombre total estimé d'utilisateurs des refuges en 2021). Les utilisateurs des refuges sont considérés en situation d'itinérance chronique s'ils ont été dans au moins une des deux situations suivantes :

  • Chronicité aiguë : utilisation des refuges pendant six mois (180 jours) ou plus au cours de la dernière année;
  • Instabilité prolongée : séjour dans un refuge chaque année au cours des trois dernières années.

En 2021, 30,6 % des utilisateurs des refuges dans l'échantillon satisfaisaient à l'un des critères qui définissent l'itinérance chronique ou aux deux (en diminution par rapport au taux de 31,7 % en 2020). En appliquant cette proportion à l'estimation nationale du nombre d'utilisateurs des refuges, on estime que 28 631 utilisateurs de refuges se trouvaient en situation d'itinérance chronique en 2021, ce qui est comparable à l'estimation de 2020 (28 004).

En 2021, 15,2 % des utilisateurs des refuges répondaient au critère de chronicité aiguë seulement, 8,2 % à celui de l'instabilité prolongée seulement et 7,2 % aux critères des deux types d'itinérance chronique (figure 6).

De 2017 à 2021, la proportion d'utilisateurs des refuges répondant seulement à l'indicateur de chronicité aiguë a augmenté (de 9,0 % à 15,2 %), tandis que celle des utilisateurs en situation d'instabilité prolongée est demeurée relativement inchangée (de 9,9 % à 8,2 %). La proportion d'utilisateurs des refuges connaissant les deux types d'itinérance chronique est demeurée stable entre 2017 et 2019 (de 3,5 % à 3,8 %), mais a augmenté en 2020 (à 5,6 %) et en 2021 (à 7,2 %).

Figure 6: Chronicité aiguë et instabilité prolongée de 2017 à 2021

  • Figure 6 - version textuelle
    Année Chronicité aiguë Chronicité aiguë et instabilité prolongée Instabilité prolongée Itinérance chronique totale
    2017 9,0 % 3,5 % 9,9 % 22,4 %
    2018 10,5 % 3,3 % 8,5 % 22,2 %
    2019 12,1 % 3,8 % 9,2 % 25,2 %
    2020 16,0 % 5,6 % 10,0 % 31,7 %
    2021 15,2 % 7,2 % 8,2 % 30,6 %

Restrictions

Le paysage des services aux personnes en situation d'itinérance a changé pendant la pandémie de COVID-19. Quand les services de première ligne ont été adaptés pour respecter les directives de santé publique, le système traditionnel des refuges d'urgence a été remplacé par des lieux de service temporaires, y compris des hôtels et des motels, ainsi que l'utilisation improvisée d'espaces publics. La situation a mis à l'épreuve l'adaptabilité et la résilience des systèmes d'information sur la gestion de l'itinérance en place et a compliqué l'évaluation précise de la capacité du système des refuges et de la taille de la population dans les refuges à l'échelle nationale. Le gouvernement fédéral continue d'étudier des moyens d'intégrer dans l'analyse l'utilisation d'autres types de refuges, y compris les centres hivernaux et les centres d'isolement temporaire liés à la COVID.

La pandémie de COVID-19 a été accompagnée d'une série d'interventions gouvernementales et individuelles, y compris la Prestation canadienne d'urgence, les moratoires sur les expulsions, les confinements, les règles d'éloignement physique, les réductions de capacité des refuges, etc. La combinaison de ces éléments a contribué à réduire l'afflux dans les refuges, mais cette réduction ne doit pas être interprétée comme une diminution de l'itinérance, car la présente analyse ne décrit pas l'itinérance dans des contextes extérieurs au réseau des refuges, comme les lieux temporaires, les nuits d'un sofa à l'autre et la rue.

Bien que ce soit le cas dans les analyses de l'Étude nationale sur les refuges de toutes les années, il est important de tenir compte de ce point de manière particulière en 2020 et en 2021, dans la mesure où l'analyse exclut les personnes qui n'ont pas eu accès aux refuges en raison des réductions de capacité et celles qui ont choisi de ne pas recourir aux refuges afin d'éviter d'être exposées au virus. Par conséquent, les résultats de 2020 et de 2021 risquent davantage de sous-représenter l'itinérance au Canada par rapport aux années précédentes.

Principales constatations

  • En 2020, la pandémie de COVID-19 a eu une incidence considérable sur la prestation de services aux personnes en situation d'itinérance en raison de la réduction importante de la capacité des refuges. La capacité globale du réseau a en grande partie été rétablie en 2021, où une baisse de 1,5 % par rapport à 2019 a été enregistrée. Toutefois, la croissance était inégale entre les types de refuges (les refuges pour familles ont affiché un taux de croissance de 30,6 %).
  • Le nombre de personnes ayant accédé à des refuges en 2021 (93 529) a augmenté par rapport à 2020 (88 342), mais il était tout de même très inférieur à celui des années précédentes. 
  • En 2021, la majorité des utilisateurs des refuges étaient des adultes âgés de 24 ans à 49 ans (60,3 %) et des hommes (67,8 %). L'âge moyen des utilisateurs des refuges était de 38 ans.
  • En 2021, les peuples autochtones ont continué d'être surreprésentés parmi les utilisateurs des refuges, 39,1 % des utilisateurs des refuges s'étant identifiés comme Autochtone alors que les personnes autochtones ne représentent que 5,0 % de la population générale canadienne.
  • En 2021, 1,4 % des utilisateurs des refuges ont déclaré avoir servi dans les Forces armées canadiennes, avoir été agent de la GRC, être un vétéran d'un pays allié ou avoir été à l'embauche des FAC en tant que civil.
  • La majorité des utilisateurs de refuges se sont identifiés comme des citoyens canadiens (85,8 %). La proportion d'utilisateurs des refuges s'étant identifiés comme des réfugiés ou comme des demandeurs d'asile a baissé en 2021 par rapport à 2020, ce qui pourrait s'expliquer par la fermeture des frontières dans le cadre des restrictions liées à la pandémie.
  • On estime à 28 631 le nombre d'utilisateurs des refuges en situation d'itinérance chronique en 2021, soit 30,6 % de tous les utilisateurs des refuges. Ces chiffres demeurent relativement inchangés par rapport à 2020 (28 004; 31,7 %).

Pour en savoir plus

Pour en savoir plus sur les recherches en matière d'itinérance, consultez la page Analyse de données, rapports et publications.

Pour toute question concernant le présent rapport, n'hésitez pas à communiquer avec nous.